Au mois de janvier 2020, la Coordination Eau Ile-de-France (IDF) (association qui se donne pour rôle de renforcer le mouvement pour l’eau comme bien commun universel et d’en faire un acteur incontournable en Île-de-France pour toutes les décisions qui concernent l’avenir de ce bien vital) a lancé une campagne d’interpellation en amont des élections municipales françaises.
L’objectif ? Demander aux candidates et candidats de s’engager pour le droit à l’eau et à l’assainissement sur leur territoire.
Un questionnaire en ligne a été diffusé pour permettre aux candidat.e.s têtes de liste de répondre à des questions concernant leurs engagements sur trois grandes thématiques :
1. La régie publique de l’eau,
2. La campagne « L’eau est un droit ! »,
3. Restaurer le cycle de l’eau.
L’occasion pour les candidat.e.s de présenter leur projet et donner leur opinion sur les enjeux d’accès à l’eau et à l’assainissement dans leur territoire.
La régie publique de l’eau
La première partie du questionnaire concerne la régie publique de l’eau. En France, la gestion de l’eau peut être publique (c’est la commune ou la communauté de communes qui assure directement la gestion des services de l’eau et de l’assainissement) ou bien privée (en délégation de services publics). La régie publique de l’eau permet d’impliquer les citoyens-usagers dans la gestion de ce service.
Alors que la réforme territoriale (loi NOTRe) a transféré la compétence « eau et assainissement » aux établissements publics territoriaux (EPT) et intercommunalités, la Coordination Eau IDF s’est donné pour objectif d’œuvrer à la création d’une régie publique dans trois EPT : Est Ensemble, Grand-Orly Seine Bièvre et Plaine Commune.
En effet, ce transfert de compétence suppose pour les collectivités une réflexion sur les modalités de gestion : gestion publique ou délégation au secteur privé ? Gestion participative avec les usagers et les salariés ou gestion plus resserrée ? Quel degré de transparence ? Quel tarif de l’eau potable ?
L’eau est un droit !
La seconde partie du questionnaire porte sur la campagne « L’eau est un droit ! » dont la Coordination Eau IDF est partenaire. 1,4 millions de français.es métropolitain.e.s ne bénéficient pas d’un accès physique et permanant à une eau potable et 7,5 millions de personnes ne bénéficient pas d’installations sanitaires adaptées. Face à ce constat, alors que le droit à l’eau est reconnu comme un droit humain par les Nations unies depuis 2010, trente ONG se mobilisent et portent un Manifest’eau de 5 engagements à l’attention des candidat.e.s aux élections municipales et des recommandations à l’attention du Gouvernement et des parlementaires, pour des politiques cohérentes et ambitieuses en faveur d’un accès universel à l’eau et à l’assainissement.
Restaurer le cycle de l’eau
Enfin, la Coordination Eau IDF a intégré dans son questionnaire des questions sur les projets des candidat.e.s concernant le cycle de l’eau en ville. Avec l’artificialisation des sols, les milieux urbains sont de plus en plus imperméables et les eaux de surface ont disparu des villes. Ce constat alarmant a un fort impact sur les conditions de vie. Conjugués au dérèglement climatique, des îlots de chaleur apparaissent en ville : il peut y avoir plus de 10°c d’écart entre un centre urbain et les campagnes environnantes.
Pour restaurer le cycle de l’eau, de nombreuses solutions existent : aménager des mares, multiplier les fontaines et les rivières urbaines… De plus, les sols en pleine terre permettent l’infiltration et le ruissellement de l’eau de pluie, et la restauration du cycle naturel de l’eau.
Les candidat.e.s qui se sont engagé.e.s pour L’eau est un droit !
Parmi les candidat.e.s qui ont répondu au questionnaire de Coordination Eau Ile-de-France, nombreux.ses sont celles et ceux qui se sont montré.e.s favorables à la campagne « L’eau est un droit ! », présentée en partie 2 du questionnaire.
Dans plusieurs communes d’Ile-de-France, des candidat.e.s ont ainsi montré leur soutien en répondant positivement au questionnaire et en apportant des explications sur leur projet :
- Aubervilliers : les listes Aubervilliers en commun, Uni.e.s pour Aubervilliers se sont prononcées en faveur de toutes les propositions de la campagne « L’eau est un droit ! » et Lutte Ouvrière : faire entendre le camp des travailleurs s’est prononcé en faveur de la tarification sociale mais ne se prononce pas sur les autres recommandations du Manifest’eau.
- Bagnolet : la liste du maire Bagnolet écologique et solidaire, se prononce favorablement sur les mesures de « L’eau est un droit ! » et a signé le Manifest’eau.
- Bondy : les listes L’avenir en commun, Bondy autrement se prononcent en faveur de toutes les propositions de « L’eau est un droit ! » et la liste Pour Bondy, la force d’une ville qui avance indique que la majorité a déjà commencé à installer des infrastructures publiques pour permettre aux plus précaires d’accéder à l’eau dans l’espace public.
- Choisy-le-Roi : la liste Choisy Demain est en faveur de toutes les propositions de la campagne « L’eau est un droit ! »et la Liste citoyenne à vous la main propose d’instaurer une tarification sociale de l’eau et plus de participation citoyenne pour la gestion de la ressource.
- Créteil : la liste Osons la transition propose de lutter pour l’accès à l’eau des plus vulnérables et d’organiser des douches mobiles et la liste Créteil l’avenir en commun se prononce favorablement sur les mesures de « L’eau est un droit ! ».
- Epinay-sur-Seine : la liste En vert et pour tous propose d’instaurer la tarification sociale de l’eau et d’installer des douches publiques.
- Le Kremlin-Bicêtre : les listes Liste des citoyens des ateliers kremlinois et Décidons notre KB sont favorables aux propositions de « L’eau est un droit ! ».
- Les Lilas : la liste Innovation, solidarité et concertation propose de mettre en place la tarification sociale de l’eau et de prendre en compte les besoins des plus précaires, notamment celles et ceux qui ne sont pas connectés aux réseaux, Les Lilas écologie propose une tarification sociale, Le printemps lilasien envisage la création d’infrastructures publique d’eau et la mise à disposition des infrastructures publiques existantes (douches des gymnases et stades…), et Ensemble pour les Lilas envisage d’instaurer une tarification sociale de l’eau.
- Montreuil : la liste L’écologie aux responsabilités s’engage à œuvrer pour l’installation de sanisettes et de bains douches avec des prix différenciés pour les personnes précaires, et la liste L’écologie aux responsabilités est favorable aux propositions de « L’eau est un droit ! ».
- Le Pré Saint-Gervais : la liste citoyenne au Pré Saint-Gervais, A gauche autrement est favorable à la mise en place de toilettes publiques et à la diminution du prix des bains douches, et La République en Marche – MODEM et Lutte Ouvrière, faire entendre le camp des travailleurs sont favorables aux propositions de « L’eau est un droit ! ».
- Romainville : la liste Romainville – Autrement propose d’installer des fontaines publiques et des sanitaires et la liste Romainville à vivre se prononce favorablement sur les mesures de « L’eau est un droit ! ».
- Saint-Denis : les listes Saint-Denis en commun, Lutte Ouvrière : faire entendre le camp des travailleurs proposent d’instaurer un volume d’eau gratuit, les listes UPR – Pour une ville proche des gens ! et Saint-Denis éco-citoyenne sont favorables aux propositions de « L’eau est un droit ! ».
- Saint-Ouen : la liste A gauche ! Pour une ville solidaire et écologique se prononce favorablement sur les mesures de « L’eau est un droit ! ».
- Sèvres : la liste Sèvres en Transition 2020 se prononce favorablement sur les mesures de « L’eau est un droit ! » et a signé le Manifest’eau.
- Vanves : la liste Pour Vanves, l’humanité d’abord se prononce favorablement sur les mesures de « L’eau est un droit ! ».
- Villejuif : la liste Décidons Villejuif souhaite instaurer un volume d’eau gratuit et la tarification sociale de l’eau.
La campagne « L’eau est un droit ! » s’est donnée pour ambition de porter des recommandations auprès des candidat.es. C’est pourquoi ces listes seront contactées et invitées à signer le Manifest’eau afin de s’engager, si elles sont élues, à faire avancer les droits à l’eau et à l’assainissement tout au long du mandat, ici et là-bas. Les citoyen.ne.s sont également invité.e.s à se mobiliser pour interpeller leurs candidat.e.s.